[Méduse empoisonée] Bright Future アカルイミライ 🎬
Publié le 18 Septembre 2014
Bright Future
アカルイミライ
Sorti en 2003
Réalisé par Kurosawa Kiyoshi
Avec :
Odagiri Joe >>> Nimura Yuji
Asano Tadanobu >>> Arita Mamoru
Fuji Tatsuya >>> Arita Shinichiro
Sasano Takashi >>> Fujiwara-san
Dontesque ?
Nimura et Arita sont collègues et amis, passant le plus clair de leur temps libre ensemble à ne rien faire dans l'appartement d'Arita. Nimura, dans ses rêves, voit un avenir étincellant mais, dans la réalité, fait du surplace et regarder passer les jours. Arita, quant à lui, ne semble pas beaucoup plus intéressé par l'existence et les deux seules choses qui lui tiennent à cœur, apparemment, sont Nimura et la méduse qui flotte dans aquarium. Le status quo, néanmoins, est sur le point d'être brisé.
~ oOo ~
Bon bon bon... bon. J'ai dit que je parlerais de deux films par mois, on m'a conseillé celui-là -sous le titre Jellyfish-, il y a Odagiri Joe et une méduse dedans. Je ne pouvais pas ne pas le regarder. En plus c'est un film réalisé par Kurosawa Kiyoshi or j'aime beaucoup ce réalisateur. REAL ne m'a pas entièrement convaincue à cause, surtout de faiblesse dans l'écriture, mais son projet précédent, Shokuzai, était excellent et surtout Kairo est un des films de mon époque « boulimie horrifique » m'ayant le plus marquée, un des quelques films de ces annés que non seulement je n'a pas oubliés mais que j'ai également revus et aimés une seconde fois, probablement parce que Kairo dépasse largement le statut de film d'horreur. Contrairement à son remake Pulse qui, lui, passe complètement à côté de l'idée et offre une mise en scène nettement moins intéressante. BREF. J'aime Odagiri Joe, j'aime les méduses, j'aime Kurosawa Kiyoshi, et j'ai des quotas à remplir, les étoiles semblaient parfaitement alignées. Je me suis lancée. Et je ne regrette pas mais, en revanche, je vais galérer sérieusement à vous écrire cet article parce qu'honnêtement, même si certains thèmes sont évidents dans le film, il y a quelques petites choses qui m'échappent. Pour le moment j'ai évité d'aller lire les analyses d'autres personnes parce que je veux essayer de démêler cela moi-même mais lorsque j'aurai écrit cet article, j'ai bien prévu d'aller lire un peu, voir si quelqu'un a une explication qui se tient entièrement ou si, comme moi, les gens n'ont que des fragments d'interprétation se mariant plus ou moins bien les uns avec les autres.
Je vais commencer par parler des choses dont je peux parler et, en premier lieu, le boulot de Kurosawa Kiyoshi. J'aime beaucoup ce qu'il fait dans ce film. C'est assez déstabilisant et nul doute que certaines personnes seront agacées par la réalisation mais, pour ma part, j'ai apprécié la façon dont il créait une ambiance angoissante et surtout très instable en jouant sur la qualité de l'image et le contenu des plans. Je ne suis pas experte en réalisation -mon Dieu, tellement pas- mais il y a quand même des choses que j'ai pu noter. Notamment deux.
(1) Kurosawa alterne beaucoup la qualité de l'image. Parfois l'image est de bonne qualité mais parfois il y a un peu, voire beaucoup de grésillement. Notamment lors d'une scène où un personnage perd complètement pied, l'image est à peine discernable, elle devient un grésillement gris. Pendant le film, au milieu de ses scènes, il passe également à des images qui m'ont rappelé les images de caméra de sécurité. Grâce à tout cela, il créé un climat instable et incomfortable. Le côté caméra de sécurité m'a également donné l'impression d'être en train de surveiller les personnages, de m'introduire réellement dans leur intimité plutôt que de regarder un film. Par ailleurs, malheureusement le son de mon ordinateur est clairement plus que moyen et je n'utilisais pas de casque donc je n'ai pas pu en profiter pleinement mais le son également était parfois monté, parfois descendu, parfois moins bon pour contribuer à l'angoisse générale.
(2) Au niveau des plans, j'ai juste pu remarquer une utilisation particulière des arrières-plans -notamment il y a cette scène où le patron de Nimura et Arita, s'étant invité tout seul, regarde la télé au premier plan tandis que les deux jeunes hommes restent immobiles au second plan, spectateurs ennuyés et méprisants... c'est la scène qui m'est restée en mémoire... je suis certaine qu'il y en a plein d'autres mais, comme je le disais, je ne suis vraiment pas la personne vers qui se tourner pour causer réalisation- et, également, une volonté souvent d'isoler les personnages. Par exemple, lors d'une conversation, l'un des personnages sortira du plan et la conversation sera filmée en se concentrant sur un seul des deux personnages. Ou bien alors que deux personnages sont dans le même appartement et que l'un regarde l'autre vaquer à ses occupations, la caméra sera concentrée sur le visage de l'observateur. Cela renforce l'impression d'isolement. Et puis bien entendu il y a cette image :
Ce découpage de l'écran revient plusieurs fois dans le film -toujours avec ce personnage- et encore une fois, cela souligne une impression de solitude et de « place à remplir ».
Et puis après cela, il y a des plans isolés qui me sont étrangement restés. Comme celui-là :
Parce que lors de cette scène, avec le mouvement de caméra, c'était comme si les deux personnages et la méduse, subitement, se fondaient les uns dans les autres. D'ailleurs je me suis parfois demandé si la méduse n'était pas la représentation de Nimura et Arita qui ne seraient en fait qu'une seule entité. D'un point de vue logique, cela ne fonctionne pas parce que l'entourage des deux jeunes hommes voit les deux séparément donc ils sont physiquement là tous les deux. Mais il y a des films où la logique « physique » n'est pas forcément importante et ce flm pourrait facilement en faire partie. Clairement Bright Future nous parle des générations et de leurs conflits. On a la génération d'avant qui cherche une nouvelle jeunesse à travers la génération présente -le boss de Nimura et Arita qui essaie de devenir leur ami de façon terriblement forcée- ou s'accroche au passé -le père d'Arita qui répare des objects électroniques dépassés dont plus personne ne veut-, la génération de Nimura et Arita qui est complètement dépassionné et la génération d'après qui erre dans les rues sans aucun but dans la dernière séquence du film. Si les personnages représentent les générations et qu'on décide que les personnages sont des sortes de métaphores alors Nimura et Arita peuvent être effectivement la même entité. D'autant que dans le film, on a un fantôme qui apparaît au moins deux fois. Alors c'est vrai que la limite entre le rêve et la réalité n'est pas toujours évidente mais...